Pourquoi les Podencos ?

Pour expliquer le drame des Podencos, dans le Sud de l’Espagne, il faut avant tout expliquer une coutume ancestrale espagnole, à peu près aussi barbare que la corrida ou la chasse à courre, la chasse de montería et son "instrument" : la REHALA.

 

Une réhala est une meute de chiens constituée spécialement pour ce mode de chasse.

 

Il y a des espagnols qui chassent comme en France : un chien, un fusil…

 

Au-delà de cette forme de chasse que l’on connaît tous, il existe en Espagne (et dans certaines régions du Sud-Ouest de la France) ce qu’on appelle les monterías .

Il s'agit de chasse en groupe, au gros gibier, avec des meutes de chiens.

 

Les manuels de chasse espagnols distinguent deux formes différentes de monterías au gros gibier (sanglier, cerf, chevreuil):

- celle du nord de la péninsule ibérique,

- celle du sud, principalement pratiquée en Andalousie, avec des réhalas.

 

La montería  du Nord consiste à dresser des chiens « limiers » qui vont être capables de débusquer une proie au flair et de la poursuivre sur des km. Les monteros prennent soin de leurs chiens et leur apprennent à ne pas aller au contact de la bête, pour ne pas être blessés parce que le dressage est si pointu que la perte d’un chien est une perte d’heures de travail avec lui.

Ils leur apprennent aussi à ne suivre qu’une piste et à ne pas dévier sur un lièvre ou un perdreau.

 

Les jours de chasse, les monteros partent chacun de leur côté, le matin très tôt, avec leur chien et cherchent la tanière d’un sanglier ou d’un cerf.

Ils se donnent un point de rdv à une heure précise (milieu de matinée) et font un point sur les repérages de chacun. Ensemble, ils vont choisir la bête qu’ils vont traquer parmi toutes celles repérées.

Ils vont préférer un mâle adulte et robuste, dont la traque ne sera pas aisée.

Dès lors, les chiens se mettent à poursuivre la bête et à la pousser vers les chasseurs qui l’attendent, avec des fusils, pour l’abattre.

Les chiens indiquent à leur maîtres l’évolution de la traque par des aboiements modulés et qui sont un code que le chasseur averti interprète à la perfection. Cette chasse se pratique depuis le moyen-âge selon la même technique. La seule chose qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, la bête est achevée à l’arme à feu, et non plus par d’autres chiens, dressés à l’attaque, comme c’était le cas jadis.  

 

La montería du Sud, pratiquée essentiellement en Andalousie, mais appréciée dans toute l’Espagne par des néophytes en mal de sensations et d’hémoglobine à moindre effort, est une tout autre sorte de montería. Déjà, elle ne demande aucun savoir-faire, ni aucune technique particulière.

 

Elle aussi est une chasse au gros gibier (sangliers, cerfs, chevreuils) mais contrairement à la montería  du Nord, elle n’est pas sélective. Tout est bon à abattre, tout gibier confondu, (avec une prédilection pour les cerfs et les sangliers), mâles, femelles, femelles pleines ou allaitantes, bébés, jeunes, vieux, peu importe, du moment qu’on tue.

 

Une réhala est une meute d’une vingtaine de chiens, essentiellement des Podencos, mais comme il faut également des chiens plus combatifs, on leur adjoint des dogues ou des croisés dogues (Alanos, ...).

 

Les chiens de réhalas ne sont pas dressés, ce sont la faim et l’instinct qui les poussent derrière le gibier, sur le terrain.

 

Lors d’une battue, les montéros délimitent un terrain de chasse : ils s’organisent à plusieurs réhalas, le terrain est partagé en secteurs, et les chiens sont lâchés chacun dans un secteur pour pousser le gibier et l’acculer. Quand une proie est acculée, la mise à mort est organisée, sans fusil, sans arme à feu. Les chiens doivent tuer la bête par eux-mêmes. C’est là que les dogues interviennent.

 

Dans ces monterías , le chien n’est pas un partenaire, c’est un outil. Il n’y a aucune complicité ni interaction entre les chiens et les chasseurs.

La preuve en est qu’il existe des entreprises de location de réhalas.

Vous avez envie de chasser et vous n’avez pas de chien ? Louez une réhala !

Peu importe que vous ne maîtrisiez pas les chiens, ce n’est pas nécessaire.

Peu importe que vous ne rameniez pas tous les chiens, ce n’est pas nécessaire non plus, les pertes sont comptées dans le prix de location.

 

Vous comprendrez dès lors que les conditions de vie des chiens utilisés dans ces réhalas ne peuvent être que dramatiques. On estime que l’espérance de vie d’un chien, dans une réhala, est entre 2 et 5 ans.

 

Alors comment vivent ces chiens de réhalas ?

 

Hors de la saison de chasse en montería qui dure 40 jours, les chiens sont parqués à l'année dans des hangars ou dans le meilleur des cas, dans des enclos à l’air libre.

 

Certains rehaleros laissent leurs chiens en liberté dans un enclos, et dans ces cas-là, ce sont des bagarres à mort quotidiennes, au bout desquelles ne survivent que les plus forts.

 

D’autres les attachent à des chaines courtes pour qu’ils ne puissent pas s’approcher les uns des autres. Parfois, les chaines, scellées dans le sol ou dans le mur, sont si courtes que les chiens ne parviennent même pas à se tenir debout.

 

Ils ne sont pas vaccinés, pas soignés, pas déparasités. Comme dans les perreras, la parvovirose et la leishmaniose font des ravages.

Les femelles sont saillies à chaque période de reproduction et les réhaleros, qui ont l’œil, éliminent à la naissance les chiots qui ne présentent pas d’intérêt pour la chasse.

Ils égorgent les plus faibles et les plus doux.

Aucun de ces chiens ne voit un vétérinaire au cours de sa vie. En cas de blessure, on l’achève.

 

Ils sont mal nourris, souvent au pain dur et à l’eau, et quand le réhalero y pense.

De plus, la coutume veut que les chiens maigres chassent mieux que les autres, donc plus ils sont efflanqués, et plus la réhala a bonne presse.

 

Quelques semaines avant l'ouverture de la chasse en montería, les rehaleros donnent des compléments alimentaires aux chiens, des cocktails de vitamines destinés à booster leurs capacités. Ils sont également soumis à des séances d’entrainement forcé.

 

Ils sont bien entendu dans des conditions physiques désastreuses et ces efforts intenses, après les privations d’exercice et de nourriture qu'ils ont endurées pendant de longs mois, sont dramatiques pour eux.

 

Les entraînements n’ont rien d’éducatif, il s’agit de tester l’endurance des chiens en les forçant à courir à un rythme soutenu sur une distance déterminée. Parfois, ils sont traînés au bout d’une corde, ou bien encore, les réhaleros fabriquent des systèmes d'entraînement aussi ingénieux que pervers (certaines photos ci-dessous vous en montrent quelques exemples).

Trainés par des voitures ou des quads, les chiens sont forcés de courir.

Ceux qui chutent meurent trainés sur le bitume.

C’est considéré comme une sélection« naturelle ».

Cette pratique de l’entraînement derrière des véhicules motorisés est légale dans certaines régions d’Espagne et est pratiquée même dans celles qui la prohibent sans que leurs auteurs soient inquiétés.

 

 

Quand il s’agit de se débarrasser d’un Podenco devenu inutile, toutes les techniques employées par les galguéros sont utilisées, pendaison, noyade, égorgement, abandon en rase campagne avec les membres brisés, tout est envisageable, le plus simple étant souvent de laisser le malheureux attaché au bout de sa chaîne, au milieu des autres, et d'arrêter de le nourrir jusqu’à ce que mort s’ensuive.

 

Il ne faut pas croire que ces réhalas ne concernent que quelques arriérés du fin fond de l’Espagne et qu’elles sont marginales.

Au contraire, cette pratique est défendue par des associations puissantes comme par exemple l’association des réhalas d’Andalousie, l’AER.

Cette association, très active, et beaucoup mieux organisée que toutes les associations de protection animale réunies, jouit de puissants soutiens jusqu'au plus haut niveau du gouvernement espagnol.

Elle est très fière de son activité et revendique sa vocation culturelle. Elle a réclamé en 2019, soutenue par d’autres fédérations du même type, la reconnaissance des réhalas comme bien d'intérêt culturel (BIC).

 

Le président de l'association des rehalas de Cordoue a, quant à lui, affirmé que détenir des rehalas est une activité à dimension ethnologique, un héritage, qui peuvent se définir comme un hobby et une passion. Il assure que c'est une activité très addictive une fois qu'on y a goûté et se présente même comme un défenseur de la race des Podencos.

 

Autant dire que le sort des Podencos et des autres malheureux chiens enfermés dans ces hangars de la mort n’est pas près de s’arranger.

 

Il faudra donc encore et encore dénoncer, et rappeler qu’en Europe, ces barbaries existent toujours pour assouvir le besoin de sang de quelques-uns, et au nom de la tradition.

 

Certaines associations publient beaucoup de photos très choquantes prises par des militants de la cause animales dans des réhalas.

Nous faisons le choix de publier des photos venant du site de cette association de réhalos. Ce sont donc des photos qu’ils revendiquent et dont ils sont fiers.

Vous jugerez par vous-mêmes et là, vous ne pourrez pas penser qu’il s’agit d’exception.

Ces photos sont la vitrine officielle des réhalas… Nous vous laissons imaginer ce qui se cache derrière.

(Nota: sur la dernière photo, le Ministre de l'agriculture avec le président de l'association des réhalas d'Andalousie).

 

Soyons clairs, chez Galgos Angel, nous sommes contre toute forme de chasse et nous demandons à nos adoptants de s’engager à ne pas utiliser les chiens qu’ils adoptent par notre intermédiaire, pour la chasse.